La taxe Pampers
De Nathalie, La Baconnière (53), le 27 octobre.
Je suis assistante maternelle et c’est un sentiment puissant d’injustice qui me pousse à vous écrire ce soir. La communauté de communes dont je dépends a voté une taxe d’ordures ménagères imputée aux assistantes maternelles, que je paye en plus de ma taxe d’ordures ménagères « personnelle », car « elles produisent des déchets supplémentaires tels que les couches ». La com‑com nous considère comme des indépendantes alors que nous ne sommes que des salariées du particulier employeur ! Quel salarié paye pour les déchets produits sur son lieu de travail ? Surtout un salarié qui travaille en moyenne 40 heures par semaine, avec la responsabilité de très jeunes enfants, le tout pour en moyenne 3,50 euros de l’heure ! Je ne sais pas si cette taxe « Pampers » existe ailleurs en France, je sais juste que je la ressens comme un racket violent et une injustice révélatrice du manque de considération de mon métier.
Virez-moi ce maquettiste !
De Pointet Marie-C., de Chandon (42).
Bonjour, j’ai beaucoup hésité : me réabonner ou pas ? J’apprécie votre journal cependant j’essaye de ne pas « voir » le graphisme, (…) la 1ère page en couleur, aux caractères d’écriture « tout anguleux », énormes, aux graphismes inquiétants, surtout si on y ajoute le Fakir et son serpent fourchu au regard vert et menaçant. Laissons la culture de l’effroi à l’extrême droite. Aussi j’essaye de penser que peut‑être il adviendra un « relooking » du Fakir, du serpent et du graphisme stressant des personnages. Hélas, le journal va me manquer ! Marie, les désirs (et les peurs) de nos abonnés sont nos priorités. On a tranché : Ludo, notre anxiogène maquettiste, est viré. C’est désormais Aline qui occupera le poste !
« J’ai fait cette horreur. »
De Colette, suite à notre dossier sur l’école (n° 100).
Je suis directrice d’école publique, retraitée depuis longtemps. Un ami m’a envoyé votre enquête (cf. notre numéro 100). J’en ai perdu le sommeil pendant plusieurs nuits… Ça m’a renvoyé à ce que j’ai fait, que je m’étais empressé d’oublier depuis quarante ans. En 1985, je suis nommée à Villejuif, en zone d’éducation prioritaire, en remplacement d’un directeur d’école écarté pour alcoolisme. Vous comprenez, c’est visible, un directeur alcoolique. La veille de ma prise de poste, l’inspectrice m’informe qu’un enseignant de mon école est un pédophile avéré. Et elle me demande de le surveiller, de « l’avoir à l’œil ». Tel quel. Tu parles d’une protection… Eh bien, je vais vous dire une chose : je l’ai fait. J’étais militante communiste, proche de la mairie, très engagée : non seulement j’ai fait cette horreur, mais je n’ai eu l’idée d’en parler à personne. Dès que cet enseignant privait un enfant de récréation, je le lui interdisais, et j’envoyais le gosse avec les autres dans la cour. Mais ce n’est pas tout : la même inspectrice, la même institution, qui protégeait ce pédophile, s’est acharnée toute l’année sur une collègue qui pratiquait la pédagogie nouvelle. Elle a été gravement saquée, harcelée, je vous le certifie. Dans cette même école, je me suis rendu compte qu’une instit’ était gravement maltraitante : très méprisante, elle s’acharnait sur les mêmes gosses, qui en tremblaient lorsqu’ils m’en parlaient. Là, j’ai agi, et elle a été mutée à L’Haÿ‑les‑Roses, une banlieue chic, très BCBG, où elle n’a plus jamais fait parler d’elle : elle était délicieuse, aux dires de tout le monde. Eh oui : ce n’étaient socialement plus les mêmes enfants…
La palme du fayot
Ah , ça, on ne pourra pas vous le reprocher : vous l’avez aimé, notre spécial numéro 100… « Un régal » pour Michèle (de Fareins), « une performance qui remplit un manque », selon Pierre Henri. « Une petite merveille que je déguste doucement comme une vieille gnôle de derrière les fagots », pour l’épicurien Jacques‑Dominique.
C’est bien beau, les compliments. Mais nous, on se nourrit comment ? Un peu grâce à Antoine (de Tanzac, 17), un sacré profiteur qui a enfin franchi le pas : « Un an que je reçois votre papelard au nom de mon colocataire qui ne l’est plus depuis pas mal de mois déjà. On ne remerciera jamais assez les flemmards du changement d’adresse ! » Sauf que l’abonnement arrive à échéance ! « Du coup, je fais quoi moi derrière ? Chienne de vie. » Antoine s’abonne, donc. « En espérant que ma petite aide, mêlée aux autres, vous permettra de perdurer. »
Mais tu crois que le Prix de la Lèche s’obtient par un abonnement simple ? Prends plutôt exemple sur Juliette, de Limoux (11) : « J’ai 80 ans et je refuse de désespérer de la jeunesse. Aux nouvelles générations de reprendre le flambeau. Donc c’est avec enthousiasme que je renouvelle mon abonnement (et le prends) à vie. » Le voilà, l’avenir de Fakir ! Les octogénaires ! En route vers le numéro 200 !