"Il devrait avoir honte."
Marché de Auterive. 31 janvier, 10h15.
« J’ai pas peur des hommes, moi ! Pourquoi tu viens vers moi ? Vieux con ! » La jeune fille, 18 ans grand maximum, hurle en direction d’un gars qui s’approche d’elle, soixante-dix piges je dirais, pas très grand mais costaud, un ventre énorme en avant-garde sous son vieux pull élimé. La fille vient à sa rencontre en gueulant toujours, lui ne dit rien mais s’approche, lui flanque un gros coup de bedaine pour la faire reculer, comme s’il avait travaillé ça pendant des années. « Tu me touches pas, pourquoi tu me touches, t’as pas le droit !, crie la fille. T’as de la chance que j’aie pas un couteau, sinon tu verrais !! » Un jeune à peine plus âgé, le regard à moitié dans le vide, fonce vers le gros gars, s’arrête à trois mètres, fait mine de le frapper, mouline des bras dans l’air, l’insulte, « Sale vieux ! Sale retraité ! » (trois fois !). Je vois pas en quoi être vieux ou retraité est une insulte, je me dis, mais juste derrière moi, c’est autre chose : deux types ricanent, commentent la scène à bas mot, en désignant les jeunes du menton : « Des tafioles, des parasites de la société ! On leur donne du crédit, alors ils prennent confiance ! »
Sympa, le marché d’Auterive.
Bonne ambiance.
Mais comment je me suis retrouvé là ?
Entre les étals, au milieu d’un début de rixe que calme, à peine, l’arrivée d’un policier municipal, en ce dernier jour de janvier, sur ce marché, en Haute-Garonne ?
C’est à cause de Christophe, ça.
J’aime beaucoup Christophe : notre copain, monsieur le député Bex, él