François Boulo : « la gauche a oublié sa puissance de conviction »

Pour les six ans des Gilets jaunes, on est allé rencontrer, pour notre site et pour le canard, les héros anonymes du mouvement. Les éborgnés, les motivés, les mobilisés, ceux qui espèrent toujours, souvent. On a aussi retrouvé François Boulo, l’ex-avocat de 38 ans, qui à l’époque avait fait la tournée des télés, avec ses petites lunettes cerclées et son air sage, aussi sage que ses propos étaient tranchants. Il en pense quoi, de la situation actuelle ?

Publié le 25 février 2025

Fakir : En reportage, on entend un ras-le-bol démocratique, un dégagisme de plus en plus fort contre les professionnels de la politique, qui fait penser au début des Gilets jaunes. Quelles solutions apporter dans le débat ? Le Référendum d’initiative citoyenne (RIC), la VIe République ?

François Boulo : Le RIC, ça m’a intéressé immédiatement. Pour le message envoyé aux élites : ça fait quarante ans que vous nous trahissez, on va vous reprendre le pouvoir. Mais le RIC, personne ne va nous le donner de bonne grâce. C’est une mesure qu’il faudra aller chercher, avec les dents. Et dans un système où les médias sont contrôlés par les plus riches, le RIC est instrumentalisé. Les milliardaires ne sont pas compatibles avec la démocratie : ils l’achètent forcément, la démocratie. Pour revenir au RIC, on ne va pas pouvoir tout décider avec. On ne peut pas gouverner un pays de 66 millions d’habitants de manière horizontale. Et pour la VIe République, si la gauche arrive au pouvoir, avec le mur de l’argent, c’est peut-être mieux d’avoir un pouvoir puissant. On pourrait peut-être penser à une solution hybride : remplacer le Sénat par une assemblée de citoyens tirés au sort. J’insiste sur la question des médias : depuis quelques années, les tirs de barrages se sont déplacés de Marine Le Pen vers Jean Luc Mélenchon. Ça montre bien qu’un camp menace les intérêts de la bourgeoisie, et pas l’autre. C’est justement pour ça qu’il faut aller démasquer le RN, contrer son discours, montrer que le problème c’est pas les immigrés mais les milliardaires qui menacent la démocratie.

Fakir : Justement, lors de nos reportages, on a aussi rencontré des électeurs de gauche perdus, qui ne savent plus où voter, sâ

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