Corinne, une héroïne.
Toulon, 21 février 2024.
Pourquoi suis-je venu à Toulon ?
Parce que, depuis plusieurs années, je suis le cours des tensions hospitalières. Que j’ai vu, de plus en plus fréquemment, les soignants évoquer le risque de « morts » faute de prise en charge. Tout le monde le dit, en off. Mais en-dehors de l’hôpital, personne ne veut le croire. Comment imaginer que dans la septième puissance mondiale, celle qui a (eu) le meilleur système de santé au monde, des gens meurent aux Urgences « faute de prise en charge » ? Dans le même temps, faute de médecins en ville, faute de lits d’aval, dans les autres services, où mettre les malades (puisque depuis des années, ils ont été supprimés), les services d’Urgence sont débordés. Nous y sommes, au point de bascule : moins de médecins, des soignants surchargés et mal considérés qui voient leur charge de travail s'accroître, donc qui partent épuisés, augmentant encore la charge de travail de ceux qui restent... Et de nouveaux départs qui s'accumulent...
Mais pourquoi Toulon ?
Ici, sur un mercredi après-midi classique, l’attente pour voir une infirmière est de deux à trois heures. Pour voir un médecin, c’est dix heures.
Comme dans beaucoup d’autres endroits, en fait.
Si nous sommes venus là, c’est pour voir Corinne.
C’est par un journaliste que nous avons pu avoir son numéro. Nous nous sommes parlés, une première fois, au téléphone. Maxime était avec moi dans le bureau. Après avoir raccroché, s'en est suivi un long silence qui ne nous ressemble pas. Lucas, son fils, un jeune homme de 25 ans, est décédé aux Urgences de Hyères d'une septicémie le 30 septembre 2023, après des heures d'agonie, et malgré des résultats d'examens alarmants. Comment compr