Dans la cuisine de Darwin (n° 116)

La « porno-chasse », les mensonges de l’économie, et la came du pauvre.

Publié le 25 février 2025

Par

Telerama, novembre 2024.
On se croirait dans le sketch des Inconnus sur les chasseurs : il existe en France, en 2024, des endroits clos où les ultra-riches canardent des centaines d’animaux. Cela va avec « l’engrillagement » des terres, dont j’apprends ici le terme : des espaces forestiers privés, où l’on pouvait auparavant se promener, mais désormais clos. De même que le mouvement des enclosures en Angleterre au XVIe siècle transforma le paysage et fut à la base du capitalisme, on privatise ici des espaces naturels à des fins de jouissance perverse. Il existe par exemple, sur la seule Sologne, quelque 4000 km de clôture : on grillage le monde.

On parle bien ici de trucider des animaux, pas de la chasse qui permet de se nourrir ou de réguler les populations. Comme le dit Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs : « J’en ai rien à foutre de réguler ! » Dans ces enclos, on tue jusqu’à 250 sangliers par jour, souvent d’élevage, parfois amenés par containers d’Europe de l’Est. Depuis leur cabanon, en attendant le rabattage, nos seigneurs sont devenus des saigneurs. Seigneurs, car parmi les « chasseurs » cités on trouve des gens des familles Chanel, Vuitton, Michel Seydoux, Martin et Olivier Bouygues, mais aussi des hommes politiques tels que François Baroin, Eric Ciotti, François Fillon, Claude Bartolone…
Autant de gens blasés qui semblent avoir fait le tour des plaisirs terrestres. Comme le disait Schopenhauer : « Pour ne pas être trop malheureux, le meilleur moyen est de chercher à ne pas être très heureux. » L’article utilise le terme de « porno-chasse », qu’il reprend aux tenants de la chasse traditionnelle.

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