Nos lecteurs sont les meilleurs ! (n°97)

Le courrier des lectrices et des lecteurs reçu et traité par notre bénévole Nicole. Nous écrire : courrier@fakirpresse.info

Publié le 15 février 2021

Reconnecter les assistés

D’Annie, de Vairé (85), par courrier le 30 décembre.

Pourquoi laisser nos vies entre leurs mains ? J’ai lu Fakir pour la première fois le 16 septembre 2019. Je rentrais de la fête de L’Humanité. Je n’avais jamais entendu parler de votre journal avant, mais votre emplacement – stratégique ? – face au camping nous avait conduit, l’amie avec qui je participais à la fête et moi, à venir prendre notre petit‑déjeuner à votre stand. Et à se laisser tenter par votre fameux journal. Dans le dernier numéro, il est question des assistés, des vrais, là aussi. De mon côté, je me suis toujours demandé comment nous acceptions de laisser des gens qui ne conduisent pas leur propre voiture, qui ne préparent pas leurs propres repas, qui ne font pas leurs propres courses, qui n’élèvent pas leurs propres enfants, qui ne gèrent pas leur propre quotidien, qui ne font jamais leur propre ménage, etc., décider et régir nos vies, à nous, qui sommes à la fois chauffeurs, comptables, techniciens de surface, cuisiniers, logisticiens, acheteurs, livreurs, éducateurs, tout ça en plus de notre propre profession… Il serait temps pour une reconnexion avec le réel de nos chers – dans les deux sens – élus.

Les jeunes, c’était pas mieux avant

De François, par courriel, le 16 décembre.

Quand t’es pauvre et étudiant, le confinement, c’est depuis longtemps. OK, c’est très clair, les jeunes n’ont pas la belle vie en ce moment. J’ai deux jeunes hommes (17 et 15 ans) à la maison et c’est sûr l’avenir n’est pas tout rose… Mais de là à laisser croire qu’à notre époque (je suis né en 1975, et d’Amiens !), les études, c’était le temps des rencontres, de l’amour et de l’amitié… faudrait pas exagérer. Perso, en Droit, et je suis sûr que je n’étais pas le seul, j’étais quasi confiné dans ma chambre à la cité U, ne sortant que pour faire mes courses, grâce à la bourse, et le reste du temps, je potassais… On ne parlait que de chômage, et quand t’es fils de pauvres, que t’as envie de t’en sortir, c’est un peu con (et des fois tu te demandes même si tu vas pas en devenir fou), mais tu bosses et puis c’est tout !… Et tant pis pour la vie, je veux dire la vraie ! S’il y a des rencontres, tout de même, c’est avec les grands auteurs !

Rallumer nos cerveaux

De Jojo, par courrier, le 23 novembre.

Jojo aime son métier, un vieux souvenir… J’ai été serveuse passionnée, ce métier m’a donné tant de joie… Aujourd’hui je suis si triste, je sais que trop de cafés, de restaurateurs, de pubs, de boîtes de nuit vont fermer leurs portes… Où irons‑nous rire, bavarder, écouter de la zic, refaire le monde, regarder des matchs dans une
joyeuse ambiance, déjeuner ou dîner en famille, entre potes, en amoureux ou pour le taf ?? Quand allons-nous éteindre la télé et allumer notre cerveau pour enfin nous unir et faire respecter ces mots si chers à mon cœur, Liberté, Égalité, Fraternité ? Jojo libre serveuse passionnée et qui aujourd’hui est bien triste de voir ce peuple soumis.

Une vie importante

Madame Piedbois, de Sully‑sur‑Loire (45) par courrier, le 16 décembre.

Ils se battent pour sa mémoire, puisque l’hôpital ne les a pas accueillis. J’avais commencé déjà une lettre le 14 octobre, je te la joins… elle était pour toi et aussi pour crier ma colère et ma douleur. Mon histoire remonte depuis le Covid. Que dis‑je, elle ne remonte pas puisqu’elle me bouffe tous les jours, mais depuis le Covid, j’ai envie de crier et je pleure encore bien plus. Dans notre pays, nos hôpitaux sont depuis bien longtemps en surcharge, en déficit de personnels, et des gens en meurent… bien avant le Covid. Le 3 janvier 2018, je me suis réveillée en disant « on a passé une bonne nuit ». Puis j’ai senti le froid… mon amoureux, 40 ans d’amour et de partage, était mort blotti contre moi. Alors, il y a les « si », « si j’avais, si, si, si… » mais les « si » ne changent rien. La veille, j’avais appelé les urgences, « c’est la grippe, c’est normal, il faut attendre… » puis bip‑bip‑bip, la dame m’a raccroché au nez ! Mon fils aîné a saisi la commission de conciliation et d’indemnisation… je vais te passer les détails mais douleurs +++, et à ce jour (après CCI, tribunal administratif…) toujours rien, toujours en suspens. Voilà, nous, on est des petits, une vie, des vies sans importance. Ce n’est pas pour l’argent que mes enfants ont mené ce combat, mais juste pour dire « Sa vie était importante »…

La palme du fayot

Jacques le Fataliste
« Grâce à ton journal, je reprends espoir ! » C’est un bon début pour un Prix de la Lèche, François (de Louvigny, 14). « Je ne lisais presque pas avant (échec scolaire depuis la primaire, puis orientation en boulangerie). Mais au détour des différentes manifs, je croise ton journal… et là ! C’est la révélation ! Une autre façon de lire. » Comme quoi, on devrait recommander Fakir, au collège, à tous les élèves en difficulté. « Je suis maintenant un boulanger épanoui culturellement ! » On devrait aussi mettre le canard en vente dans toutes les boulangeries. Et pour mieux corrompre notre jury, ses louanges ne suffisant pas, François nous glisse en cadeau un petit bouquin : Les villes ardentes, Art, travail, révolte (1870-1974), catalogue de l’exposition présentée dans le cadre de Normandie impressionniste 2020. Mieux vaudrait un gros chèque… C’est finalement Jacques qui décroche, sur la ligne, la Palme tant convoitée, lui qui était sur le point de prendre un abonnement héritable : « À mon âge, faut songer à faire un testament. Et puis, j’ai vu et entendu le rédac’ chef dire que les jeunes se sont sacrifiés pour les vieux. Alors, fini l’abonnement à Fakir ! Dure décision, mais trop c’est trop ! Sauf que… j’ai mes contradictions moi aussi. Que vont devenir les petites mains du journal ? Après des nuits sans sommeil à me torturer, j’ai fini par craquer et je vous envoie un chèque d’abonnement à vie. » Alléluia ! Mais « une angoisse : et si le patron, il liquidait Fakir avant ma mort ? » Sache-le, Jacques : tu ne reverras jamais l’oseille.

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