L’exploité du mois : Robin, exilé pour la cause

«J e suis originaire d’Amiens mais après mon bac, je suis parti pour faire mes études à Bordeaux, à Lyon, à Rennes… Et là, pendant Sciences Po, à Lyon, je tombe sur Merci Patron ! et sur Nuit Debout ! Mon père m’avait parlé de Fakir, mais j’avais jamais vraiment fait attention… Je trouvais dingue d’avoir raté ça. »

Publié le 15 février 2021

Du coup, coupable sans doute, honteux peut‑être, Romain, 24 ans, s’évertue à donner des coups de main chaque fois qu’il revient au bercail, lors des vacances scolaires en particulier. « J’ai commencé après la campagne des Législatives du rédac’ chef. J’avais vu les actions coup de poing, les AG chez LVMH, ça me bottait… J’ai demandé si je pouvais donner un coup de main, à mon retour. » Et alors ? « Ben, j’ai chargé des cartons pour les envois, j’ai collé des timbres, aussi, beaucoup de timbres, j’ai tenu des tables de vente… On m’embauche pour envoyer les commandes, les tee-shirts, les anciens numéros, les bouquins. C’est sûr qu’après ce que tu vois sur les réseaux sociaux ou dans les films, tu t’attends pas forcément à ça. Mais en fait, c’est pas tant l’action qui est importante que le reste. Me faire trimballer dans le camion I Love Bernard, j’adore. »

Ça le change, faut dire, de la voie qu’il a failli prendre, Robin. « Je viens d’une famille de profs, et donc je suis les bonnes stratégies scolaires : je me retrouve en école de commerce à Bordeaux. Sauf que là, on te dit que tu vas apprendre à monter une boîte pour faire de l’argent. Je me suis barré. » Histoire, socio, Sciences Po, donc. Il y noue quelques solides amitiés, qu’il sait faire fructifier… « Un copain m’avait fait découvrir la Bretagne, du coup, en retour, je l’ai amené à Fakir. Il pensait voir Amiens, il a passé deux jours à bosser au local pendant les vacances de Noël, à expédier des Gens de France alors qu’on savait même pas qui était Jean Teulé ! Mais bon, il le sait, Fakir c’est un monument national. Il a pu manger des pâtes bolo, envoyer des macarons… C’est bien, aussi, de voir les coulisses. » L’école de commerce semble loin. « Franchement, je préfère aller en manif qu’en soirée avec des potes. J’aimerais donner un sens à ma vie, que mon boulot soit aussi un engagement politique. Même si tout ça, ça saoule un peu ma copine parfois… » Avant que le Politburo fakirien ne décide s’il doit ou non redevenir célibataire pour se consacrer pleinement à la Cause, Robin a été gracieusement autorisé à conserver son statut d’exploité.

Articles associés

Pour ne rien rater, inscrivez-vous à la

NIOUZLAITEUR

Les plus lus

Les plus lus

Retour en haut