Depuis cinq années, Jacques Darras – poète reconnu, prix Apollinaire, prix de l’Académie, etc. – consacre chaque automne une conférence à la littérature picarde, siècle après siècle. C’est chaque fois un moment de savoir et d’émotion. De résistance, aussi, par la Culture, alors que François Hollande et les siens ont, en une nuit, par un petit calcul électoral, dissout notre région millénaire dans les « Hauts-de-France »…
Cette histoire, Jacques Darras la reprend dans une somme, « Tout Picard que j’étais », et à sa lecture, je m’en suis senti un héritier.
Qu’on écoute Conon de Béthune, d’abord, à la fin du XIIe siècle :
« Moult me convie l’Amour à être en joie,
Alors que chanter je n’ai plus aise ;
J’ai trop violent désir pour que m’apaise,
C’est pourquoi j’ai mis mon chant en arrêt ;
Parce qu’ont blâmé mon langage les Français
Et mes chansons devant les Champenois,
Et devant la Comtesse, dont plus me pèse.
La Reine ne s’est pas montrée si courtoise
Me reprenant, elle et son fils le Roi.
Bien que ma langue ne soit pas toute française
Pourtant peut-on bien l’entendre en français ;
Ils ne sont ni éduqués ni courtois. »
Il raconte quoi ? Je traduis un peu : il est passé à un « tribunal de lyrique amoureuse », et les nobles, dont le fils du roi, Philippe Auguste, se sont foutus de lui, de son accent, et ça, en plus, devant la Comtesse, pour qui il en pince un peu. Alors maintenan
Tout Picard que je suis…
La colère et le rire, les deux qui se mêlent, qui s’enchevêtrent, voilà qui donne à la Picardie, depuis le Moyen-âge, sa couleur littéraire. Avec une attention, constante, à la langue populaire…
Publié le 15 février 2021
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