Pastis et montée des eaux
De Thierry (Bougival, Yvelines), par courriel, le 23 septembre
Thierry met à l’épreuve les thèses scientifiques de notre rédac’ chef.
« ‘‘Si la banquise fond, c’est partout que le niveau des mers montera.’’ Et bien non, si toute la banquise fond, le niveau de la mer ne montera pas d’un micron. Car la banquise, c’est de la glace qui flotte. Tu peux en faire l’expérience avec les glaçons dans le pastis : une fois que tu as mis les glaçons, tu remplis à raz bord et là, surtout, tu te retiens de boire en attendant la fonte des glaçons qui, miracle, ne fait pas déborder le verre. Tout ça parce que l’eau est moins dense dans sa forme solide (la glace) que dans sa forme liquide et que la position du glaçon (une partie immergée et une partie émergée) est déterminée par la poussée d’Archimède : le volume immergé du glaçon a le même poids, en eau liquide, que le poids du glaçon dans son entier. Bon, désolé, si cela te rappelle l’école. Alors qu’est-ce qui fait monter le niveau des mers ? D’abord la simple montée en température des eaux (liquides) qui se dilatent et donc montent en niveau. Très rarement évoquée car le phénomène n’est pas visible, pas filmable, donc pas bon pour la télé. Et puis bien sûr la fonte des glaces terrestres (glaciers de nos montagnes – qui font de bons reportages, eux- continent Antarctique, Canada, Groenland, etc.).
Deuxième petite inexactitude : tu évoques la fonte du permafrost de l’Arctique qui libèrerait du CO2. Le permafrost, on est d’accord, c’est de la terre qui reste gelée toute l’année. Celui de la zone Arctique, c’est donc principalement le Canada, le nord de l’Alaska, le Groenland et la Sibérie. Le permafrost est riche en matières organiques décomposées, c’est-à-dire surtout en méthane (CH4). Et là, on n’a pas gagné du tout car le méthane a un potentiel ‘‘effet de serre’’ 23 fois supérieur à celui du CO2. […] Donc évoquer ici le CO2 sans le méthane manque évidemment de pertinence. »
On peut toujours rêver
D’Alain, par courrier, le 10 octobre
Alain souffle une idée à Macron : traiter les salariés comme les multinationales…
« […] La transition énergétique supprimera de nombreuses activités.
Je voudrais alors inviter notre Président à lire les traités internationaux récemment signés comme le CETA ou celui qui devrait lier l’UE et le Mercosur. Tous contiennent une clause qui prévoit de dédommager les investisseurs étrangers lorsqu’un gouvernement prend une mesure qui nuit à leurs intérêts. Il est même précisé que ce dédommagement devra prendre en compte le montant des investissements concernés et les profits futurs escomptés et qui ne se réaliseront pas.
On comprend cette règle : celui qui prend une décision doit supporter le coût de ses conséquences.
En approuvant de tels traités notre Président a admis le principe de la responsabilité pécuniaire d’un Etat lorsqu’il prend des décisions qui modifient l’environnement économique. Mais pourquoi ne l’appliquer qu’aux investisseurs étrangers ? Les travailleurs des entreprises « brimées » par une nouvelle réglementation [écologique] perdent également beaucoup quand leurs usines ferment. Pourquoi ne pas avoir prévu de leur octroyer à eux aussi un dédommagement pour les salaires perdus ? Pourquoi ne pas l’étendre aux salariés affectés par ces décisions ? »
L’éco-anxiété des ados
De Nicolle, par courrier, le 6 septembre
Nicolle décore les murs de son bureau de Fakir pour convertir ses collègues…
« Un jour, une collègue qui passe me dire bonjour, sans prêter d’ailleurs attention à ce qui se trouve sur les murs, me parle du temps qu’il fait (chaud) et dérive sur des informations qui affolent les gens sur la question climatique, sur le devenir de l’espèce humaine et… sur la réaction exacerbée de son ado qui n’accepte pas cet immobilisme des adultes au point qu’elle, sa mère, se demande si son enfant ne présente pas quelques symptômes de dépression…
Je suis estomaquée : oui, ce que nous vivons est grave, mais je ne savais pas que cet état de chose pouvait dégénérer en émotions aussi fortes et négatives (depuis, j’ai appris : il paraît que cela s’appelle « solastologie » ou éco-anxiété).
Même si mes ados sont devenus adultes, je reste une maman et propose à ma collègue de lui prêter mon numéro de Fakir, remisé depuis plusieurs semaines au fond de mon tiroir : il y est question d’effondrement de notre monde, mais aussi d’entraide et d’humanité… Ça peut être une première démarche pour aborder le problème ?
Elle a lu l’entretien avec Pablo Servigne pour essayer de comprendre le sujet, mais elle va garder le journal un peu plus longtemps : elle veut tenter d’en parler avec son entourage et peut-être même avec son ado. Mais seulement quand LUI sera demandeur, parce qu’elle craint trop ses réactions de peur et de tristesse si c’est elle qui provoque la discussion… […]
Je suis quand même sûre d’avoir eu raison de prêter mon journal, pour la façon dont le sujet y était traité : en rendant accessibles des informations complexes, sans sous-estimer la gravité du sujet, et sans fermer complètement la porte à la confiance dans l’homme… Et c’est d’abord pour cela que j’aime Fakir. »
Fakir à la couveuse !
« Tous les articles sont intéressants ! » C’est le cri du cœur de Marc, de Châtel-Guyon (63), qui nous livre une « petite suggestion : éviter de mettre le bulletin d’abonnement derrière un article, car quand on renvoie le bulletin, ben il manque une partie de l’article ! Il reste la solution d’acheter un deuxième exemplaire, mais bon, je suis Auvergnat. »
Et pas de pris de la Lèche pour les Auvergnats.
Car le compliment ne suffit, il nous faut le chèque et les zéros avec.
Marie-José, par courriel, prend le rédac’ chef par les sentiments : « Enfin j’ai rencontré mon frère d’armes dans la lutte contre l’horrible point-virgule, merci ! Quand je le vois dans un livre, j’ai l’impression qu’une mouche a c… en plein dessus. Je viens de découvrir votre journal et je vous dis bravo. Je m’empresse d’y abonner un ami, je l’achèterai quant à moi dans mon village pour encourager sa distribution. »
C’est mieux, déjà. Mais pas suffisant. Notre Palme, ce mois-ci, ira à Jérémy, qui prépare l’avenir : « Veuillez trouver ci-joint l’abonnement de nos deux petites nouvelles venues Elea et Cléo, débarquant en avance après six mois et demi de grossesse ce samedi 5 octobre. » Mais quoi ? Un seul abonnement, pour des jumelles ? Non ! Jérémy a pris un abonnement à vie pour chacune des deux, mais également deux DVD J’veux du soleil. Pas question qu’elles se battent dès la couveuse !