Amiens, le 3 octobre, 21h35
« Merde, les flics. Qu’est-ce que j’ai fait ? »
Sur mon destrier à pédales, je viens de m’engouffrer dans l’impasse, plongée dans l’obscurité, qui mène chez moi.
Derrière moi, un véhicule roule à vive allure, et la sirène retentit. Je m’arrête à hauteur de mon garage.
« Monsieur, veuillez descendre de votre véhicule et couper le moteur !
– Euh… C ‘est un vélo.
– C’était une blague ! »
Heureusement qu’il détend l’atmosphère, car ils sont trois à descendre du fourgon, et je vois brusquement deux autres flics courir vers moi, sortant de je ne sais où, avec des lampes. Cinq pour moi tout seul, je dois être sacrément dangereux…
Le plaisantin en uniforme glisse un « intercepté » dans une sorte de talkie-walkie, puis me demande :
« Qu’est-ce que vous faites monsieur ?
– Heu… Je rentre chez moi.
– Pouvez-vous me le montrer en glissant votre clé dans la porte et l’ouvrir?
– Hé hé, oui… »
La porte s’ouvre, en faisant son bruit habituel d’acier qui frotte le béton au sol.
« Qu’est-ce que c’est ? Un box, un garage ?
– Un garage.
– On ne va pas vous embêter monsieur. Vous comprenez, y’a des gens qui se mettent des seringues dans les bras et qui essayent d’échapper à la police. J’arrive à Amiens, et je vois des choses incroyables.
– Ah ?
– Là vous avez fait à gauche, puis à droite…
– A gauche puis à droite ?
– Oui enfin, vous avez fait à droite puis à gauche.
– Je ne vous avais même pas vu. Vous savez, je rentre juste du boulot…
– Vous faites quoi comme métier ?
– Je m’occupe d’enfants handicapés.
– Ça ne doit pas toujours être facile.
– Ah non, ce n’est pas toujours facile. »
Puis, le doigt en l’air : « La police veille ! »
Ah oui ?