On est partis de considérations horticoles pour arriver à une conviction : la gauche ne regagnera les cœurs qu’en faisant collectif, ensemble, et au plus proche du terrain. Et en taillant ses thuyas.
Comment en est-on arrivés là ? On vous raconte.
« Tout ça, c’est à cause des thuyas…
— Quoi les thuyas ? Les arbres ?
— Oui, dont on fait les haies, les clôtures, tu sais ? »
Dans son fourgon qui sillonne la grande périphérie de Toulouse, mon copain ancien ouvrier et aujourd’hui député Christophe Bex me fait un cours imbriqué de politique et d’horticulture.
J’essaie de comprendre.
« C’est quoi, le rapport entre l’isolement des gens et les thuyas ?
— C’est un symbole du cloisonnement. Dans les lotissements, par ici, dès que les maisons se construisent, les gens plantent des haies et des thuyas pour ne plus voir leurs voisins. Ils veulent se retrouver dans un cocon. Mais en fait, ce réflexe les isole, ça construit des barrières. Et après, c’est très difficile de les toucher, les gens.
— À ce point-là ?, je souris
— Je le vois quand on veut faire du porte-à porte. Dès que tu sonnes, ils te demandent par la fenêtre de laisser le papier dans la boîte aux lettres, sans même sortir. Ils ont pris l’habitude de ne plus parler à personne. Et le RN prospère là-dessus… »
Ce soir-là, après une journée de reportage (voir Fakir n°116),



